MONKEY BUSINESS

6 Avril - 26 Juin

Artistes présentés :
A Constructed World, Eleanor Antin, Ivan Argote, Michel Auder, Joianne Bittle,
Antoine Bouillot, Nathalie Brevet_Hughes Rochette,
Chrématistique (Jérémie Gaulin & Fabien Vallos), Claude Closky, Michel Couturier, Hans-Peter Feldmann, Claire Fontaine, Zachary Formwalt, Amélie Laurence Fortin,
Michel François, Kendell Geers, Pierre-Jean Giloux, Dan Graham, Karl Holmqvist, Benjamin Hugard, Daniel Knorr, Suzanne Lafont, Mark Lombardi, Jill Magid, Tony Matelli, Jorge Méndez Blake, John Miller, Jonathan Monk, Ivan Moudov, John Murphy,
Tony Oursler, Alexandre Périgot, Emma Perrochon & Frédéric Sanchez, Jack Pierson, Mary Pupet, Peter Scott, Yann Sérandour, Valentin Souquet, Sven Johne, Andy Warhol

« Monkey business, The paradox of value » est une exposition qui se déploie comme un grand cabinet de curiosité, à l’échelle de la galerie.

Expression ayant inspiré de nombreux artistes, « Monkey Business » est le titre original d’œuvres cinématographiques tel que « Monnaie de singe » de Norman McLeod (1931) avec les Marx Brothers ou « Chérie je me sens rajeunir » d’Howard Hawks (1952) et le film d’Yves Robert (1966). L’univers de la littérature a repris l’expression avec le titre du premier roman de William Faulkner et celui de la musique aussi avec cet hymne chanté par Chuck Berry ou Michael Jackson. Payer en monnaie de singe est une expression qui désigne une monnaie qui n’a pas de réelle valeur. Mais à la galerie Sophie Scheidecker, cette expression espiègle, synonyme de bêtises, manigances ou magouilles est un prétexte à explorer le paradoxe de la valeur.

La relation entre la valeur d’une proposition artistique et celle de l’œuvre d’art, entre l’objet et la côte d’un artiste, reflétée par les constantes fluctuations du marché, crée des paradoxes qui sont au cœur des différents sujets traités dans cette exposition. Les contradictions sont révélées par les œuvres elles-mêmes, leur mode de production, leur économie et même leur statut dans l’histoire et le marché de l’art. Le propos est d’ouvrir des interrogations au regard d’un ensemble d’œuvres cohérent afin de prévenir certains dysfonctionnements. La tautologie utilisée sert de mode de manipulation et permet des clins d’œil.

L’exposition « Monkey business », conçue par Grégory Lang en collaboration avec Sophie Scheidecker a pour objet un jeu d’associations, de correspondances, de redondances voulues entre les œuvres de 40 artistes ou collectifs d’artistes. Les œuvres proposées ici abordent au moins trois champs d’explorations : soit la question de la valeur monétaire à travers la mise en exergue ou le détournement d’un billet ou d’un pièce d’une devise particulière, soit la notion d’économie en pointant du doigt ou en se positionnant vis à vis de différents registres de commerces existants, soit la fonction même du rôle de l’artiste dans le marché de l’art jusqu’à jouer avec l’importance de l’attribution de l’auteur et du détenteur de l’œuvre.

Parmi les œuvres présentées certaines contiennent l’ensemble des sujets, comme la pièce de l’artiste anglais John Muphy, en commentaire d’une gravure satirique sur l’économie de 1761 de William Hogarth, avec un singe en perruque et redingote arrosant des arbres morts, qui introduit les trois arbres de l’exposition : l’arbre à chips en bronze doré de l’artiste belge Michel François ; l’arbre à pièces et billets, en fonte grandeur nature, de l’artiste américain Tony Matelli ; et l’arbre à vœux, pacotille en plastique qui tourne, du collectif australien A Constructed World, qui propose également des rêves à vendre.

Dan Graham (US), évoque le rapport entre argent et artiste l’argent et la question du revenu de l’artiste dans un projet de 1969. Kendell Geers (SA) se joue des mots avec la découpe du mot « gift » dans un billet de 500€ qui si il signifie cadeau en anglais veut dire poison en allemand. Benjamin Hugard nous interroge sur le sens de l’interprétation d’une photographie de Nadar « la main gauche de monsieur D, … banquier », commenté par une chiromancienne.

Jonathan Monk (UK) radicalise sa position en s’appropriant l’œuvre éponyme de Chris Burden de 1977, un fac-simile recto-verso d’un billet de banque italien de 10,000 lires qui met en péril la notion de propriété de l’œuvre, en allant jusqu’à copier la signature de son prédécesseur. Yann Sérandour s’approprie et expose l’œuvre de Claude Closky qui lui a permis d’acquérir une part d’une œuvre de l’artiste Pierre Leguillon sur Ebay et met l’accent sur la double opération d’échange de valeur et d’attribution. Chrématistique (Jérémie Gaulin & Fabien Vallos) propose une œuvre-vitrine réunissant notamment les pièces de plusieurs artistes présents dans l’exposition, comme concentré de réflexion philosophique sur la valeur. Claire Fontaine présente une série de codes de guichets bancaires et une peinture icône mixant l’image du portrait de Mao recouverte du catalogue d’Ikea pour aborder le thème du partage de la propriété intellectuelle et de la propriété privée.

Alexandre Perigot retranscrit dans un film via une performance théâtrale et presque expressionniste les gestes qui traduisent les émotions des brokers dans la corbeille à la bourse. Sven Johne (NOR) donne à voir des certificats dans des cadres dorés dont la valeur est indexée sur les actions d’une mine d’or au Canada. Toujours sur le thème de la spéculation, Peter Scott (US) photographie sur les chantiers de constructions new-yorkais les images clichées, imprimées sur bâche, vendeuses de rêve. Suzanne Lafont quant à elle évoque la monnaie souterraine, l’échange de cash à l’abris des regards.

Citons également œuvres plus narratives avec Valentin Souquet qui revisite les gravures des danses macabres exécutées au chalumeau sur de la moquette ; mais aussi Jorge Méndes Blake (MEX) en référence au capitaine de Moby Dick qui cloue une pièce au mat de son bateau pour le premier qui repérera une baleine ; enfin la vidéo de Tony Oursler (US) qui projette un billet de francs belge qui fait parle le roi dont la bouche s’anime, en réponse à la vidéo d’Ivan Argote (COL) qui essaie de faire sourire Georges Washington en jouant sur le mouvement infime d’un billet de 1 dollar.


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